Fraternité

D’un coup c’était comme si j’avais tout perdu,
Entre ces quatre murs mon nom a disparu ;
Ma pensée s’accrochait, fermement convaincue,
J’avais le cœur léger, mon Dieu si j’avais su.

Si j’avais su qu’un jour mon cœur se gonflerait
De haine et de rancœur, de honte et de pitié,
De voir ces inconscients qui d’un bout de papier
Ont semé parmi nous les cendres du passé.

Enfant douze ans plus tôt j’étais trop ingénue
Pour comprendre vraiment la misère advenue,
Et pourtant aujourd’hui j’aurais juste voulu
De ces votes jamais n’avoir rien aperçu.

La colère hurle en moi comme cristallisée,
Mais vivre de mépris c’est trop leur ressembler ;
J’ai juste comme vous l’espoir de rassembler
Ce peuple de frères qui se prétend français.

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Ploiement

Il est des mystères qu’on ne saurait comprendre,
Mécanismes subtils que le cœur seul connaît ;
Des amours impromptues, des douleurs spontanées,
Des élans enflammés qui nous laissent en cendres.

On croit qu’au fil du temps on a su discerner
Les contours tortueux de notre âme insondable ;
On prétend être fort, on se rêve indomptable,
Mais l’attrait du malheur en l’humain est inné.

Son relent nous rend fous, sa vision nous accable,
Et pourtant on le fuit aussi bien qu’on le charme ;
Ce chagrin nous étreint, nous fait rendre les armes,
Alors, on s’abandonne en ce calme ineffable.

Car là où la pensée se dispense des larmes,
Notre corps au final se veut toujours vainqueur ;
Quand on lutte ardemment, il succombe en douceur,
Accueillant malgré lui nos funestes vacarmes.

J’avouerai sans détour que face à mes noirceurs,
Je ne peux rien sinon sans présomption me rendre ;
Les passions qui me lient sont plus vives que tendres,
Mais devant ton regard je me ploie sans rancœur.

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Le Deuil des Amours

J’ai senti couler dans les veines de mon corps
Le poison délicieux d’une grande émotion,
Un amour insidieux transcendé de passion
Qu’un seul de tes regards m’insuffle sans effort.

À l’image des vies qui se vouent à la mort,
Je me suis destinée à la douce prison
Enflammée de ta peau, calcinant ma raison,
Et j’attends près de toi un calmant réconfort.

Mais cette dévotion avive les vestiges
Des frayeurs enterrées que mon âme fustige…
Celles qui font frémir au bord du précipice,

Et qui nous rappellent à l’ordre sans douceur ;
Celles qui lentement dans notre esprit s’immiscent
Et font porter le deuil des amours avant l’heure.

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La solitude est un carnivore

La Solitude est un carnivore
Qui dévore notre intérieur
Subrepticement
Ses crocs voraces laissent des empreintes
Profondes
Elle est omniprésente
Même au milieu de la foule
Ou au détour d’un regard
Elle vit en nous
Et surgit dans la violence

On sent les chairs sanguinolentes
De l’Espoir
Qui tentent de cicatriser

Elle survient au bout d’une heure
Quand des regards se décrochent
L’attention virevolte ailleurs
Pour oublier que la blessure est ouverte
Et que la Nuit déploie sa gueule béante

Elle accourt dans le cœur comme pour tenir compagnie
On s’empare d’elle dans une étreinte glaciale
On se rappelle l’amertume et la folie

Moi c’est ta fragrance que je recherche
Dans un coin de mes souvenirs
Ton absence ravive
Le goût de ta peau sur mes lèvres
Et la lueur complice dans tes yeux
Qui m’attirent
À la façon d’un aimant

La Solitude ne dure parfois qu’une heure
Elle s’étale sur des jours ou des semaines
Voire toute une vie
C’est un malentendu
Une incompréhension
Qu’on ne veut pas admettre
Parfois c’est juste une réalité inacceptable
Que l’on sait pourtant vraie
Mais un jour loin de toi c’est déjà un jour de trop

Et quand ce démon carnassier trouve refuge en nous
Il ne reste que les yeux pour pleurer

Le cœur est entièrement dévoré.

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Comme un néant

Pas facile de le décrire
C’est un peu comme un gouffre noir
Un démon qui sur son passage
Incorpore absolument tout

C’est surtout un trou dans le cœur
Une hémorragie qui nous vide
C’est comme un espoir qui pâlit
Et nous laisse un manque à combler

On marche alors sans avancer
En pensant comme un corps sans vie
Le décor nous paraît livide
Et la joie nous semble une erreur

On se dit qu’on est un peu fou
Mais la solitude est sans âge
Car loin de ceux qu’on aime voir
C’est comme un néant qui s’étire

C’est comme un néant qui s’étire

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