Dans mon cœur, sous une nappe d’obscurité,
Demeure la vie que je n’ai pas oubliée.
Si faible, j’entrevois les souffrances du monde
Et me laisse porter dans cette infinie ronde.
Aimés, vous qui peuplez les tréfonds de mon âme,
Ne tombez point : l’enfer, où de douleur se pâment
Les martyrs, ne saura accueillir en son sein
Vos purs esprits, que le temps doit garder sereins.
Un doux regret, issu de mes réminiscences,
Partout où je vais vient hanter ma conscience.
Échos du passé, vos lointains éclats de rire
Toujours sur mes lèvres dessinent un sourire.
Vainement je voudrais en dépit de nos haines
Tendre la main, pour tenter de briser vos chaînes ;
Que la mort si je cède, de son poids m’accable,
Et mon corps ne sera que du sang et du sable.
Perlent encore les larmes sur vos visages hâves,
Il me reste à prier, mais les dieux ne le savent.
Dans mon cœur, sous une nappe d’éternité,
Demeurent les êtres que je ne peux qu’aimer.