Un matin d’automne

Ce n’est pas tant le soir qui m’attriste vraiment,
Quand on le voit sourdre du ciel caligineux
Et qu’on sent une larme apparoir à nos yeux ;
Ce n’est pas cette nuit où tout seul on attend.

On aurait cru pourtant qu’un esprit amoureux
Se languissait de tout, quand l’automne est sanglant ;
Que ses feuilles rouges, emportées par le vent,
Ne laissaient à la joie qu’un arbre poussiéreux.

Moi ce qui me manque ce n’est pas de te dire
Que je t’aime encore, plus demain qu’aujourd’hui ;
J’ai laissé à ce soin ma plume de survie,
Et mis dans la tombe le reste des désirs.

C’est juste qu’au matin, quand mon cœur s’assoupit,
J’emprunte la voie qu’on foulait sans réfléchir ;
Mon regard se pose où je cueillais ton sourire,
Et je sens qu’un morceau de moi-même est parti.

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A coeur perdu

Un nuage a crevé mon ciel
Et dans l’azur s’est répandu,
Lentement s’est paré de gel
Le souvenir d’un temps vécu.
L’hiver où mon cœur s’est reclus
A craché ses frimas glacés
Et au fond de moi je l’ai su,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

Mais l’aube a soufflé de plus belle
Et mon corps crûment s’est battu,
Goûtant la seconde éternelle
Où la paix à l’âme est échue.
Seulement quand le jour a chu,
Je me mets soudain à saigner
Et je ne l’oublie jamais plus,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

Alors quand les mots renouvellent
L’euphorie dont je suis vêtue,
Il me vient l’espérance frêle
Que tout effort n’est pas déçu.
Mais même au printemps survenu,
Quand le courage a bourgeonné
Et les ardeurs se font aiguës,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

Colombe, tu m’es apparue
Tel un pur fragment de beauté
Et si je t’aime à cœur perdu,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

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Echappée nocturne

Je vois souvent la nuit d’un œil bien différent
Et, portée par la brise et la clarté lunaire,
Niais m’envelopper d’un ténébreux suaire
Empreint de solitude et d’effrois inhérents.

Pleurant ton absence sans discontinuer,
Un à un je sentais les nuages venir
Intimement au fond du ciel s’insinuer.

S’il arrive encore que mes veines éclatent
Crépitant sous l’effet de ton feu destructeur,
Emmène-moi au loin, près de tous les rêveurs
Souriant aux beautés de ces nuits délicates.

Seule au creux du monde, je goûte le silence
Epuré de mes peurs, des sanglots à tarir,
Rien que cette seconde où se perd l’existence.

D’autres que moi auront senti dans leur exil
Essaimées çà et là, des merveilles astrales,
Touchant du bout des yeux les lueurs abyssales
Amantes de l’aube, quelques larmes aux cils.

Il m’arrive parfois de vouloir que le jour
Meure avant de naître, et que dure la nuit
Et je te rêverai à jamais mon amour…

Rien que cette seconde où scintille la vie.

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Néant

Te voici enfermé dans la prison de ta solitude
Tu contemples le ciel comme s’il pouvait guérir tes maux
Il n’y a pas de douleur qui puisse guérir de tes mots
Tu t’imprègnes de cicatrices comme par lassitude

Ton cœur est à deux doigts d’exploser en morceaux
Tu suffoques comme dépourvu d’oxygène
Il n’y a pas d’amour pour apaiser ta peine
Tu es la braise dans son atroce fourneau

Tu gémis comme le mal te gangrène
Tu as laissé tes espoirs te leurrer
Il n’y a plus que tes yeux pour pleurer
Tu n’es qu’une souvenance lointaine

Tu n’as plus qu’à imaginer
Qu’un jour elle t’a regardé
Qu’il te faut encore exister
Qu’il te reste encore à gagner

Tu n’es pas évanoui
Tu es juste détruit
N’as plus goût à la vie

Tes morceaux sanglants
Baisent le néant

Et tu n’es plus

Rien.

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Run

Tout ce que tu espères, c’est
Vivre et non survivre à moitié
Tu n’attends plus rien de ce monde
Tu es mort l’espace d’une seconde

Quand tu lèves les yeux, tu vois
L’évanescent qui paraît devant toi
Tu as peur d’embrasser l’espoir
De brûler tes ailes d’ivoire

Tu cours sur ce chemin qu’est la vie, mais
Tu sais qu’aujourd’hui le temps t’est compté
Tu as cru saisir avec elle
Ce qui rendait l’existence aussi belle

Et maintenant que tu as tout perdu
Vide de cet espoir que tu n’as plus
Tu as oublié à quel point tu l’aimes
Cette muse à qui tu dois ce poème

Alors tu brises le fer de tes chaînes
Abandonnes la douleur qui est tienne
Et tu noies ces peurs qui te submergeaient
Lèves les yeux et te mets à marcher

Tu n’as plus qu’à courir sans cesse
Te libérer en cédant ta tristesse
Dans ce jour qui s’apparente à la nuit
Un jour tu saisiras ton euphorie

Tu regarderas par-delà le monde
Embrasseras chaque seconde
Et profonde en ton cœur, il y aura
La brûlure que son être a laissée sur toi.

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