A coeur perdu

Un nuage a crevé mon ciel
Et dans l’azur s’est répandu,
Lentement s’est paré de gel
Le souvenir d’un temps vécu.
L’hiver où mon cœur s’est reclus
A craché ses frimas glacés
Et au fond de moi je l’ai su,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

Mais l’aube a soufflé de plus belle
Et mon corps crûment s’est battu,
Goûtant la seconde éternelle
Où la paix à l’âme est échue.
Seulement quand le jour a chu,
Je me mets soudain à saigner
Et je ne l’oublie jamais plus,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

Alors quand les mots renouvellent
L’euphorie dont je suis vêtue,
Il me vient l’espérance frêle
Que tout effort n’est pas déçu.
Mais même au printemps survenu,
Quand le courage a bourgeonné
Et les ardeurs se font aiguës,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

Colombe, tu m’es apparue
Tel un pur fragment de beauté
Et si je t’aime à cœur perdu,
Sans toi je ne vis qu’à moitié.

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