La Déchirure

Quand tombent sous tes yeux les murs qui te protègent,
Et seul à en crever tu contemples la nuit
Renforcer l’angoisse d’un présent que tu fuis,
En priant comme avant qu’une étreinte l’abrège

Quand en morceaux ton être entier se désagrège,
Et d’amour malgré tout continûment s’emplit
Implosant sous les flux grandissants de l’envie
De fusion avec l’autre et des doux privilèges,

Quand ton cœur est vide d’avoir autant donné
Assoiffé de s’ouvrir et de tout fracasser,
Quand le manque d’à peine un instant est à l’âme

Une déchirure à chacun des interludes
Où, plus que tout, tu tends à trouver dans sa flamme
La paix de l’abandon et de la complétude.

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Aujourd’hui

Et puis d’un coup, c’est le déclic. Comme la brisure d’un éclair d’or sur le noir firmament. Mais aujourd’hui, et en ce moment, le ciel n’est pas ce gouffre béant de ténèbres ardentes. Il se teint et s’irise, s’assoupit mais s’empourpre, quand les dernières clartés du jour embellissent cette toile vespérale. Et mon cœur à cet instant, brûlant d’émerveillement, se réveille au rythme des élans de vie bienveillants.

Il se souvient. Il se souvient des secondes aux minutes, des minutes aux heures, des heures aux jours et des jours aux semaines. Il se souvient des passions qui l’enchaînent, des violences soudaines, des essences trop lointaines qui le rendent inconnu à lui-même. Alors il s’enferme, se replie, se déchaîne, mais aujourd’hui, l’heure n’est plus aux leurres.

Aujourd’hui, c’est la vérité qui paraît, celle qui rayonne de ses traits imparfaits et de beauté, celle qui élève et en même temps achève, celle qui perce les yeux pour obliger à voir avec le cœur. Et mon cœur à ce moment, s’ouvre et réalise que rien n’immunise, que la vie coule à flots et emporte nos petites vies à nous, bien humaines et bien vaines, et que nul d’entre nous n’a de prise.

Aujourd’hui, c’est le souvenir, et c’est aussi l’avenir, c’est l’histoire d’un regard s’égarant quelque part, le récit d’un ailleurs berçant bien tous nos cœurs. C’est la sensation, l’émotion, l’inspiration, la réalisation. C’est le cri qui prend vie dans nos tréfonds et qui à l’impact surgit. C’est l’euphorie qui de l’union de deux corps fait naître l’accalmie. C’est la liberté qui t’emporte et son cœur qui t’importe.

Aujourd’hui, c’est un don. Un don de la vie et un don que toi tu choisis. C’est comme l’aspiration à la trêve et le rêve d’une liaison. C’est ce qui te fait avancer, dépasser, progresser. C’est l’abnégation et la gratuité, l’intimité et l’abandon. C’est ton cœur qui lâche prise et remercie, ton amour qui s’étend et s’amplifie, ta vie qui frémit et qui se poursuit, aujourd’hui, c’est tout ce qu’il te reste, cette ivresse qui transcende tes gestes, ce présent sublime et céleste.

Aujourd’hui, tu vis.

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L’horizon

Si tu peux lire un jour au travers de mes yeux
Entre les inflexions des courbes sinueuses ;
Déchiffrer les envies et caprices des cieux
En passant par mon goût des errances rêveuses,

Si je peux t’atteindre par les mots aujourd’hui
Comme par le regard tu as touché mon âme,
Et d’emblée partagé ton ardente énergie
Comme aux forges le feu fait rougeoyer la lame ;

Si je peux pour toujours me rappeler ces temps
Entremêlés à toi comme un corps à un autre ;
Graver dans l’infini les jours évanescents
Qui d’histoire en hasard ont fait poindre la nôtre,

Si tu peux croire enfin qu’au milieu de ce monde,
Parmi les vies comblées, les morts et les damnés
Les années qui ne sont que de brèves secondes,
Ici et maintenant, je t’aime à m’en pâmer ;

Alors, tu comprendras sans effort le voyage
Que mon coeur entreprend vers un plein abandon ;
Cherchant dans le courant à capter ton ancrage
Pour graver dans ma vie ton immense horizon.

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Un autre ciel

Les yeux sont fixés vers un autre ciel
Brûlant d’azur parsemé d’étincelles
Un de ceux qu’on aimerait contempler
Rêvant dans la lune et l’âme esseulée

On essaie de briser le filament
Des pensées qui vont et viennent souvent
Qui s’incrustent comme une tâche d’encre
Au milieu des nuits de doute où l’on s’ancre

Le corps s’échine à saigner pour panser
S’irriguer d’émois pour mieux s’obturer
Et le ciel se teint au bout d’un moment
De noir de blanc mais de gris bien souvent

Ce qu’on oublie dans nos vacillations
Perdus dans le flot de nos émotions
C’est qu’on tasse la vie à l’intérieur
Où grandit encore un feu destructeur

Bien trop fort pour un cœur comme le mien
Marmoréen mais avant tout humain
Incapable d’aimer sans espérer
Pas plus que de vivre sans respirer.

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Les méandres

Chacun s’est demandé, une fois, ou bien plus
Pour certains d’entre nous que le souci tracasse,
Simplement ce qu’il fait au milieu de ce monde
À nager bien souvent dans des affres immondes.

On trace nos chemins, l’œil embué de larmes
De celles qui filtrent les tons et les nuances,
Celles qui altèrent, puis figent les idées,
Et voient des nuages sur un ciel azuré.

Je n’ose imaginer ce qui se cache sous
La surface des peurs où s’étalent les doutes
Là où l’esprit humain se convulse en méandres,
Atteignant des folies que je peine à comprendre.

Ces éclats de violence ont semé la discorde,
Et se répercutent aux confins de mon être ;
Chacun, l’arme à la main, s’applique à dominer
Pour une liberté que nul sens ne pénètre.

De noires commotions me prennent à la gorge,
Et pourtant je ne puis face à ça que pleurer ;
Je ne sais si de fait la douleur vient d’ailleurs,
Ou vraisemblablement de mes yeux aveuglés.

Je n’ai point de colère ou de haine emmurée,
Car au fond de mon cœur tout se meut en tristesse ;
La rancœur, le dépit, le courroux et l’envie
Sont autant que l’amour des chagrins qui me blessent.

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