Echappée nocturne

Je vois souvent la nuit d’un œil bien différent
Et, portée par la brise et la clarté lunaire,
Niais m’envelopper d’un ténébreux suaire
Empreint de solitude et d’effrois inhérents.

Pleurant ton absence sans discontinuer,
Un à un je sentais les nuages venir
Intimement au fond du ciel s’insinuer.

S’il arrive encore que mes veines éclatent
Crépitant sous l’effet de ton feu destructeur,
Emmène-moi au loin, près de tous les rêveurs
Souriant aux beautés de ces nuits délicates.

Seule au creux du monde, je goûte le silence
Epuré de mes peurs, des sanglots à tarir,
Rien que cette seconde où se perd l’existence.

D’autres que moi auront senti dans leur exil
Essaimées çà et là, des merveilles astrales,
Touchant du bout des yeux les lueurs abyssales
Amantes de l’aube, quelques larmes aux cils.

Il m’arrive parfois de vouloir que le jour
Meure avant de naître, et que dure la nuit
Et je te rêverai à jamais mon amour…

Rien que cette seconde où scintille la vie.

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Lumière céleste

Ne peux-tu voir le paradis ?
Ne peux-tu sentir le clair de lune effleurer ta peau ?
Dans les ténèbres insondables, au creux de la nuit
Le silence a relayé la mélodie de tes mots.

Comme une plume virevoltant en cadence,
Mon cœur tremble sans espoir d’accalmie
S’élevant à l’horizon en une légère danse
Fragile et gracieuse, elle palpite de vie.

S’il le faut, je retiendrai mon souffle fugace
Pour que tu puisses respirer à ma place.

Ma colombe, dans un éclat de blancheur
Traverse l’aube sanglante lorsque point le jour
Et déchirant les toiles d’un rêve enchanteur,
Apporte à mon éveil la tendresse du retour.

Si près que nous parvient son arôme,
La mort vagabonde entre nos corps impuissants
De nous le destin n’a fait que des hommes
Mais ta présence a rendu le monde vivant.

En écoutant dans l’ombre, entends-tu
Les murmures incessants d’une âme éperdue ?

J’attends que le temps s’écoule et se déverse
Telles des larmes sillonnant les joues pâles
D’un enfant que la vérité bouleverse,
Et dont l’innocence abîmée n’a d’égal.

Plus profondément se creuse ma pensée,
Dans le havre paisible où flamboie le soleil
Ainsi qu’un sourire à la vue du tien prolongé
Si longtemps que le soir s’embrase de vermeil.

Chaque fois que le ciel se fissurera,
Chaque goutte de lumière tombera pour toi.

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Sérénité

A travers le linceul qui couvre les étoiles,
Cette brume cobalt qui nous éloigne tant ;
Aimée, je voudrais pour toi déchirer le temps
Et ponctuer d’astres les noirceurs de ta toile.

L’infini n’est pour moi qu’une fenêtre close,
Un battement de tes cils suffit amplement
A chasser ce nuage et tarir simplement
Les larmes célestes qui te rendent morose.

Regarde, colombe, plus haut que ces barrières
Qui te rongent le cœur à tuer la lumière,
Et, quand viendra ton aube et fera sonner l’heure,

Ta douce clarté se nimbera de splendeur…
L’espoir s’élève dans un fragment de beauté,
Mais seul ton envol comble ma sérénité.

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Discordance

Parfois, je sens mon cœur soudain cesser de battre
L’espace d’un instant ; et souvent j’ai tendance
Au tréfonds de mon ombre, à celer l’évidence,
Puis chercher le soleil quand le ciel est noirâtre.

Peu à peu, je m’égare en cessant de combattre
Saturant mon tableau, jusqu’à la discordance
Des couleurs de ma peine ; et les ténèbres dansent
Sous mon œil qui te cherche à s’en rendre idolâtre.

Pourtant, malgré l’amour que j’ai pu te porter
Toi, ma belle Égérie, vis hors de ma portée
Si loin de moi que s’ensevelissent mes mots

Mais, sache en vérité qu’au-delà de mes maux
J’oublie, quand tu souffres, que la houle du temps
M’a plongée dans un gouffre où plus rien ne m’attend.

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Gouffre

Perdue dans les limbes de mon inconscience
Je rêve d’un amour que le jour me fait taire ;
Nuitamment mes espoirs ne sont plus terre à terre,
Et je doute parfois de ma résilience.

Les larmes d’autrefois ont perdu leur cadence,
Ne laissant aujourd’hui que le tort de s’en faire
Et la peur de savoir que le monde préfère
À la mort l’existence, à mes yeux décadence.

Mais, sans cette douceur, je me prends à songer
Que l’amère douleur dans laquelle je plongeais,
Est un baume à mon cœur, un supplice échéant.

Et, dans notre malheur, je me mets à penser
Que mon vœu de t’aimer est un rêve insensé,
Et mon gouffre de vie, une porte au néant.

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