Ce n’est pas tant le soir qui m’attriste vraiment,
Quand on le voit sourdre du ciel caligineux
Et qu’on sent une larme apparoir à nos yeux ;
Ce n’est pas cette nuit où tout seul on attend.
On aurait cru pourtant qu’un esprit amoureux
Se languissait de tout, quand l’automne est sanglant ;
Que ses feuilles rouges, emportées par le vent,
Ne laissaient à la joie qu’un arbre poussiéreux.
Moi ce qui me manque ce n’est pas de te dire
Que je t’aime encore, plus demain qu’aujourd’hui ;
J’ai laissé à ce soin ma plume de survie,
Et mis dans la tombe le reste des désirs.
C’est juste qu’au matin, quand mon cœur s’assoupit,
J’emprunte la voie qu’on foulait sans réfléchir ;
Mon regard se pose où je cueillais ton sourire,
Et je sens qu’un morceau de moi-même est parti.