Un matin d’automne

Ce n’est pas tant le soir qui m’attriste vraiment,
Quand on le voit sourdre du ciel caligineux
Et qu’on sent une larme apparoir à nos yeux ;
Ce n’est pas cette nuit où tout seul on attend.

On aurait cru pourtant qu’un esprit amoureux
Se languissait de tout, quand l’automne est sanglant ;
Que ses feuilles rouges, emportées par le vent,
Ne laissaient à la joie qu’un arbre poussiéreux.

Moi ce qui me manque ce n’est pas de te dire
Que je t’aime encore, plus demain qu’aujourd’hui ;
J’ai laissé à ce soin ma plume de survie,
Et mis dans la tombe le reste des désirs.

C’est juste qu’au matin, quand mon cœur s’assoupit,
J’emprunte la voie qu’on foulait sans réfléchir ;
Mon regard se pose où je cueillais ton sourire,
Et je sens qu’un morceau de moi-même est parti.

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Néant

Te voici enfermé dans la prison de ta solitude
Tu contemples le ciel comme s’il pouvait guérir tes maux
Il n’y a pas de douleur qui puisse guérir de tes mots
Tu t’imprègnes de cicatrices comme par lassitude

Ton cœur est à deux doigts d’exploser en morceaux
Tu suffoques comme dépourvu d’oxygène
Il n’y a pas d’amour pour apaiser ta peine
Tu es la braise dans son atroce fourneau

Tu gémis comme le mal te gangrène
Tu as laissé tes espoirs te leurrer
Il n’y a plus que tes yeux pour pleurer
Tu n’es qu’une souvenance lointaine

Tu n’as plus qu’à imaginer
Qu’un jour elle t’a regardé
Qu’il te faut encore exister
Qu’il te reste encore à gagner

Tu n’es pas évanoui
Tu es juste détruit
N’as plus goût à la vie

Tes morceaux sanglants
Baisent le néant

Et tu n’es plus

Rien.

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Discordance

Parfois, je sens mon cœur soudain cesser de battre
L’espace d’un instant ; et souvent j’ai tendance
Au tréfonds de mon ombre, à celer l’évidence,
Puis chercher le soleil quand le ciel est noirâtre.

Peu à peu, je m’égare en cessant de combattre
Saturant mon tableau, jusqu’à la discordance
Des couleurs de ma peine ; et les ténèbres dansent
Sous mon œil qui te cherche à s’en rendre idolâtre.

Pourtant, malgré l’amour que j’ai pu te porter
Toi, ma belle Égérie, vis hors de ma portée
Si loin de moi que s’ensevelissent mes mots

Mais, sache en vérité qu’au-delà de mes maux
J’oublie, quand tu souffres, que la houle du temps
M’a plongée dans un gouffre où plus rien ne m’attend.

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Gouffre

Perdue dans les limbes de mon inconscience
Je rêve d’un amour que le jour me fait taire ;
Nuitamment mes espoirs ne sont plus terre à terre,
Et je doute parfois de ma résilience.

Les larmes d’autrefois ont perdu leur cadence,
Ne laissant aujourd’hui que le tort de s’en faire
Et la peur de savoir que le monde préfère
À la mort l’existence, à mes yeux décadence.

Mais, sans cette douceur, je me prends à songer
Que l’amère douleur dans laquelle je plongeais,
Est un baume à mon cœur, un supplice échéant.

Et, dans notre malheur, je me mets à penser
Que mon vœu de t’aimer est un rêve insensé,
Et mon gouffre de vie, une porte au néant.

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